POURQUOI LES PROJETS PUBLICS D’INFRASTRUCTURES ECHOUENT-ILS EN R.D.CONGO ?

 


1. INTRODUCTION

Un projet peut être défini comme un objectif à réaliser, individuellement ou en collaboration et impliquant éventuellement de la recherche ou de la conception. Ces taches doivent être soigneusement planifiées par une équipe de projet, ou par un chef de projet (Project Manager) pour atteindre les objectifs assignés. En république Démocratique du Congo, les projets publics d'infrastructures sont soumis en général à la procédure de passassions des marchés pour entre autre éviter l’arbitraire dans le processus d’attribution des marchés.  Mais il faut noter qu’il existe également des mécanismes pour l’attribution des marchés sans passer par les procédures des passations des marchés. Ceci débouchant aux marchés de gré à gré. La question que nous allons tenter de répondre ici est celle de savoir pourquoi certains projets de construction dans notre pays échouent-ils ? Il faut noter que le mot projet est utilisé ici beaucoup plus dans le sens de suivi des travaux en cours ayant un objectif précis à atteindre, avec les moyens préétablis et dans un temps plus ou moins connus.

2.       C’EST QUOI L’ECHEC D’UN PROJET ?

Il existe plusieurs critères pour considérer un projet comme ayant échoué. Mais globalement un projet est considéré comme un échec lorsqu'il n’atteint pas les objectifs dans les délais et le budget convenus. La Durée, le temps et le budget quoi qu’étant des éléments très important ne sont qu'une hypothèse générale qui ne peuvent pas impliquer automatiquement l’échec d’un projet en cas de non-respect. La réalisation des objectifs commerciaux, le retour sur investissement et surtout la satisfaction des bénéficiaires sont des éléments qui peuvent aussi constitués la base pour mesurer de l’échec ou la réussite d’un projet. 

3.       LE CAS DE KINSHASA ZERO TROUS

Prenons le cas du projet Kinshasa Zéro trous, peut-on dire qu’il est un échec ou une réussite ?  Nous en tant qu’usager de la route nous sommes parties prenante au projet et avons une certaine influence sur le cours du projet. Le Chef du projet en amont, avait certainement pris de disposition pour communiquer avec « nous » et prendre certaines de nos préoccupations en compte avant le début du projet. Ce type d’exercice se fait en général lors des études d’impact environnemental et social. En général ces études sont faites sur des grands projets qui incluent parfois le déplacement et la réinstallation des populations affectées directement par les travaux. Dans le cas de Kinshasa Zéro trous, je crois qu’une consultation limitée aux responsables des entités décentralisées était plus approprié vu que les travaux n’étaient pas de grande envergure et que le gouvernement n'avait vraiment pas le temps  à mettre dans des consultations plus importante surtout au vu de l'urgence à intervenir. Je suppose aussi que les dispositions avaient étaient prise pour garder une chaine de communication avec toutes les parties prenantes.

Il faut noter aussi que trop peu d’information a circulée sur ce projet, ce qui a laissé place à une très grande spéculation qui a desservit la perception sur la performance du projet. Mais quelles information sont à notre disposition ?  Nous (les usagers de la route) savons par exemple que les travaux ont étaient lancés par le premier ministre pour une durée de six mois (Phase 1) et qu’ils devraient couter autour de 32 Millions de dollars. La phase 1 devrait couvrir 39 Kilomètres et la phase deux 46 Kilomètres.  L’objectif principal était de réduire les embouteillages dans les 4 districts de la ville de Kinshasa. Récapitulons donc notre projet selon la définition donner plus haut.

OBJECTIF

Réduire les embouteillages dans les 4 districts de Kinshasa

DUREE

6 Mois ( Phase 1), Phase 2 durée et début non connue

PORTEE

Phase 1

Phase 2

39 Km sur 19 artères

45 Km sur 27 artères

BUDGET

32 Millions USD

Les travaux qui ont été lancés mi-octobre par le premier ministre sont aujourd’hui entrés dans leur huitième mois d’exécution. Les dernières informations du ministre confirment que la phase une ne pourra se terminer qu’en 6 semaines, soit un retard cumulé de plus de 50 % sur les 6 mois initialement prévus. L’autre information est qu’en Avril, soit 1 mois après l’expiration du délais initial les travaux n’étaient qu’a 43% du taux d’exécution contre un taux de financement de près de 66 %. Quoi qu’à ce stade faute d’informations supplémentaire il est difficile de dire que le projet est un échec, je peux tous de même affirmer sans peur d’être contredis que les conséquences du non-respect des délais auront un impact très négatif sur l’évaluation du projet par certaines partie prenante (Stakeholders) notamment nous les usagers. Les embouteillages ne faisant qu’augmenter renforceront une frustration qui risque d’avoir du mal de partir même une fois les travaux réceptionner. Et donc même si en terme fonctionnel Kinshasa zéro trous arrivait à réduire les embouteillages, son évaluation par les bénéficiaires risquerait d'être mitiger du cause retards et dégâts causés par les embouteillages supplémentaires causés par les travaux qui s'éternise sur certains sites.  


4. LES CAUSES D’ECHECS DES PROJETS  

Même si dans les pays en voie de développement les projets financés par les états échouent beaucoup plus souvent, le problème lié à l’échec des projets public est un problème mondial. Plusieurs chercheurs se sont penchés dessus et ont ressortie les raisons les plus récurrent des échecs de ces types des projets. J’ai choisis parmi ces causes, celles qui de mon point de vue, partant de mon expérience sont les plus prépondérant dans notre pays. 

§    Absence d'Etudes de faisabilité : L’absence d’études en amont est la cause d'échecs des beaucoup des projets dans notre pays. Souvent il ne s’agit pas seulement de l’absence d’études mais des études incomplètes ou inexactes.  Pour exemple, en Novembre 2020 soit 12 mois après le lancement des travaux de construction de saut de mouton dont certains ne devraient durée que 6 mois d’après le programme, le Ministre Willy Ngopos reconnaissait que certains travaux n’ont étaient lancés que sur bases des études sommaires. Ceci signifiait donc que les études détaillées se sont fait après, certaines dictées par la situation trouver sur site. Les conséquences de l’absence des études ou des études mal faites pèsent en général très lourdes sur le succès du projet en terme financier et même en terme satisfaction des partie prenantes (Stakeholders).

§   

Processus de la passation des marchés: C’est exactement à ce stade que beaucoup des projets échouent avant même d’avoir commencé.  Au-delà de ses faiblesses, la procédure de passations des marchés par Appels d’offres ouvert reste une des manières les plus efficace pour trouver des prestataires expérimenté pour l’exécution des travaux. Il faut noter que dans le cas du programme de 100 jours et même Kinshasa Zéro trous la plupart des marchés ont étaient attribués de gré à gré. La conséquence est qu’on peut vite se retrouver avec des prestataires sans expériences ou des prestataires agissant en commissionnaires et totalement à la merci de l’autorité contractante, ce qui facilite la corruption et possibilité que les travaux se fasse en dessous du standard.

§     Processus d'approvisionnement : Si les standards sont bien définis, il est idéal de faire un plan d’approvisionnement sur le long terme. Ceci signifie qu’il faut avoir un plan logistique par exemple étalé sur trois ou six mois de telle manière à ne pas se retrouver en rupture de stock. Sur beaucoup des chantiers des marchés publiques, vous aller trouver des jours entiers sans travail pour raison de rupture des stocks par les prestataires.  Quoi que ceci est directement lié au financement du projet dans la plupart des cas, dans certaine situation cette situation est causé par une mauvaise ou une absence de planification.

§     

Surveillance et contrôle : Le Bureau Technique de Contrôle est une structure créer par ordonnance loi 87-134 du 29 Avril 1987 ayant comme attribution le contrôle technique et financier, en cours d’exécution ainsi que la contre-expertise obligatoire des études et des travaux de génie civil réalisés pour le compte du gouvernement congolais. Le BTC est sous tutelle du ministère des travaux publics. Elle s’occupe donc de la surveillance des travaux dans plusieurs projets quoi que pas de façon exclusive. Plusieurs bureaux d’études sont également présent sur le marché.  

      Certains projets échouent parce que le système mis en place pour surveiller et contrôler les travaux est défaillant. A Lubumbashi par exemple sur un projet de construction de la route à Hewa Bora, les agents de l’entreprise de l’état responsable des travaux s’organisaient pour mélanger plus des bétons pour en revendre chaque fois qu'il se trouvaient des clients. Il y a même les cas où les matériaux sont détournés vers les chantiers des responsables de ces sociétés. Ceci est à mettre sous la responsabilité d’une surveillance et d’un contrôle bâclé.

§  Ingérence politique et corruption : Parfois la portée des travaux est modifiée pour plaire au politicien qui veut que la route arrive jusque dans son village ou qui veut que les aménagements non prévus soit incorporé. Ceci peut également être la cause de l’échec des projets. La corruption sous format de retro commission est également très fréquent. Quand j’étais étudiant, il y avait une entreprise qui gagnait beaucoup des marchés du gouvernement. Quand il y a eu changement de premier ministre, l’entreprise a presque fermé. Récemment au Katanga, certaines entreprises qui étaient trop proches à un homme politique et qui surement bénéficiaient de sa bienveillance, ont eu des difficultés quand ce dernier avait eu des problèmes. Les ingérences politiques ont conduit dans notre pays a l’attributions des marchés publics de gré à gré aux personnes ayant trop peu d’expertise dans le domaine d'intervention. Le cas le plus récent c’est celui de SAMIBO dans le procès de 100 jours. Si la procédure était ouvert à tous le monde avec des conditions bien établis, une entreprise n'ayant jamais construit quoi que ce soit ne pouvait jamais gagner un tel marché. 

§     


Financement de projet
 : Un projet réussi, c’est celui qui a un plan de financement claire et construit sur des bases solides. Sur croisement de l’avenue des Huileries et Kabambare il y a un chantier qui dans un système sérieux ne pouvait pas duré plus d’une semaine vu l’importance de la route en question. Mais depuis plusieurs mois ce projets avance à pas de tortue en causant des embouteillages supplémentaires sur les avenues adjacentes. Le financement était également à la base de la lenteur dans l’exécution des projets des sauts de moutons. Un mauvais plan de financement peut même amener à l’abandon total du projet et occasionner des énormes pertes financières. Le cas du Foreshore Freeway Bridge à Cape Town est un cas d’école sur la longue liste des projets restés incomplet par mauvaise/absence de planification budgétaire.  Ici chez nous le cas de la route Kindele-Kimwenza est un cas d’irresponsabilité criminelle qui selon moi devrait aboutir à des sanctions exemplaires. Alors que des millions ont étaient engloutis dans les travaux de réhabilitation de cette route notamment en luttant contre un très gros ravin, les travaux se sont arrêtés brusquement il y a quelques mois. Aujourd’hui, les pluies ont fait que la situation de la route est redevenue comme elle était avant les travaux. L'érosion a repris son règne au vu et au su de tous le monde engloutissant ainsi les millions de la république impunément. Qui sont responsable de cette planification ? Qu’est ce qui est réellement arrivé ? Voilà les questions auxquelles nos autorités devront nous donner des réponses.


5.       CONCLUSION

Il y a plusieurs autres raisons qui peuvent être ajoutés sur cette liste en analysant chaque situation au cas par cas. Mon point de vue sur la question initiale posée par cette article est que l’absence des études de faisabilités, l’opacité dans le processus de passation des marchés et celui d’approvisionnement, la faiblesse du contrôle et surveillance, l’ingérence politique, la corruption, les difficultés dans le financement des projets constituent les principales causes de l’échec des projets de construction d’infrastructure publiques dans notre pays. Nous avons besoin de courage pour lutter efficacement contre ces maux chacun à son niveau même si les responsables politico-administratif ont plus de responsabilité que nous. L’autres aspect important des infrastructures publiques est celui lié à la garantie des prestataires après livraisons des projets et à la maintenance des infrastructures après livraisons. Dans un autre article, je reviendrais sur ces points. 


Matamba Lukasu

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