Les Réformes Constitutionnelles en RDC, faut-il avoir peur ?
Clarification des
intentions gouvernementales
Des voix s'élèvent, notamment au sein de l'opposition et de la société civile pour exprimer des craintes quant aux motivations réelles derrière ces réformes constitutionnelles. Cette méfiance est souvent alimentée par une communication des membres de la majorité au pouvoir jugée maladroite. La vérité est que la version telle que présentée par l’honorable Augustin Kabuya par exemple, laisse transparaitre un changement constitutionnel qui viserait le maintien au pouvoir du chef de l’état alors qu’il serait prudent d’attendre la mise en place d’une commission d’experts comme l’a promis le chef pour pouvoir conseiller la république sur la meilleure direction à prendre. A ce stade Il est donc impératif que les responsables politiques, surtout ceux de la majorité présentent ces réformes comme une opportunité nationale visant à instaurer des mécanismes rigoureux pour promouvoir la bonne gouvernance. Ainsi, la participation de l’opposition et la société civile à cette commission donnera la chance aux uns et aux autres de faire des propositions allant dans le sens de renforcement de la gouvernance. Ces propositions pourraient inclure des mesures contraignantes concernant les avantages des politiciens, la limitation de l'écart salarial entre les hauts fonctionnaires et les employés subalternes, la détermination du nombre de ministres par gouvernement, la limitation par pourcentage des dépenses par institutions présidence y compris, la régulation du financement des partis politiques et la transparence sur le patrimoine des responsables publics, l’inscription explicitement dans la Constitution de la reconnaissance du génocide congolais ‘Génocost’ et la pénalisation de sa négation.
Quelques réflexions qui
pourraient être sur la table de la commission
§ Encadrement des structures
gouvernementales
Actuellement,
la Constitution offre une flexibilité quant au nombre de ministères et de
conseillers au sein des institutions, y compris la présidence. Cette absence de
cadre précis peut conduire à une inflation des dépenses publiques, une grande
partie du budget étant consacrée au fonctionnement des institutions. En
établissant des limites constitutionnelles claires sur le nombre de ministres
et de conseillers, on pourrait réduire les dépenses superflues et améliorer
l'efficacité gouvernementale. Par exemple, fixer un maximum de 30 ministres
obligerait le président à résister aux pressions de ses partenaires politiques
visant à créer des ministères supplémentaires non essentiels.
§
Renforcement de la décentralisation
financière
A
travers le projet ENCORE on parle beaucoup de la décentralisation financière
depuis des années, mais en pratique il n’y a pas beaucoup d’avancée. La
Constitution actuelle stipule une retenue à la source de 40% des recettes
nationales au profit des provinces. Cependant,
en l'absence de mécanismes coercitifs, cette disposition est souvent ignorée.
Il serait donc judicieux d'introduire des sanctions claires, telles que des
peines spécifiques pour les gouvernements qui ne respectent pas cette
obligation sur une période déterminée, afin de garantir une répartition
équitable des ressources.
§
Réforme du système électoral
Les
périodes électorales en RDC sont souvent marquées par des tensions ethniques
exacerbées par les acteurs politiques. Pour atténuer ces divisions, il serait
pertinent de privilégier l'élection des partis politiques plutôt que des
individus, en s'inspirant du système de représentation proportionnelle utilisé
en Afrique du Sud. Dans ce modèle, les électeurs votent pour des partis, qui
ensuite désignent leurs représentants au parlement en fonction du nombre de sièges
obtenus. Cette approche favorise une représentation nationale équilibrée et
oblige les partis à présenter des listes de candidats reflétant la diversité du
pays. De plus, en exigeant des critères de compétence pour les candidats, on
garantirait une assemblée composée de membres qualifiés et aptes à légiférer
efficacement.
§
Professionnalisation de l'assistance
parlementaire
Les assistants parlementaires
deviennent des employés permanents des assemblées, recrutés sur la base de
tests de compétence. Ces fonctionnaires, formés et expérimentés, apporteraient
un soutien technique précieux aux élus, assurant une continuité
institutionnelle et une expertise accrue dans l'élaboration des lois.
§ Rationalisation des institutions :
suppression du Sénat et nomination des gouverneurs
Le Sénat est perçu par certains
comme une institution coûteuse dont la suppression pourrait alléger le budget
de l'État sans compromettre le fonctionnement démocratique. De plus, le mode
actuel d'élection des gouverneurs et des sénateurs est souvent entaché de
pratiques corruptives. En nommant les gouverneurs plutôt qu'en les élisant, on
pourrait réduire ces dérives et assurer une gouvernance plus intègre au niveau
provincial.
§ Réintroduction du scrutin présidentiel à
deux tours avec débats obligatoires
Pour renforcer la légitimité
démocratique, il est suggéré de rétablir le scrutin présidentiel à deux tours,
avec l'obligation pour les candidats du second tour de participer à des débats
publics. Cette mesure offrirait aux électeurs une meilleure compréhension des
programmes et des personnalités en lice, favorisant un choix éclairé.
Conclusion
Même
en acceptant par absurde que le changement/la révision constitutionnelle bénéficiaire
a un individu, il est plus important de voir the ‘big picture’ car en réalité l’expérience
a montré qu’aucun individu ne pourrait s’éterniser au pouvoir. Nous pouvons
mettre nos divergences de côté et formuler une constitution qui protège ce pays
objet des convoitises des plusieurs puissances qui aujourd’hui encore utilise
le Rwanda pour piller nos ressources. Plusieurs reformes sont possibles, mais
tout résidera dans la composition de la commission et en la volonté des membres
à construire pour le futur une loi fondamentale qui met le peuple au Centre.
Matamba Lukasu
très édifiant
RépondreSupprimerMerci beaucoup ndeko.
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