LES PROFESSIONNELS INTERVENANT DANS LA CONSTRUCTION EN RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO
LES INTERVENANTS DANS LES PROJETS DE CONSTRUCTION.
Les
projets de construction diffèrent en importance, en complexité et en grandeur. Dans
chaque situation plusieurs acteurs sont amenées à intervenir en jouant chacun
un rôle bien déterminé. Les acteurs intervenants dans la construction
sont :
-
Le maitre d’ouvrage (Project
Owner) : Il
est le générateur du projet, la personne pour qui le projet est construit. Il
peut être une personne physique, morale ou une entité. Dans le cas du projet de
Saut de Mouton par exemple, l’état Congolais à travers la présidence de la
république est le maitre d’œuvre. Le maitre d’œuvre peut ou ne pas être le
bénéficiaire directe de l’ouvrage, le cas des organismes internationales qui
construisent des écoles en est l’exemple.
L’architecte (Architect) : Il est le concepteur et dessinateur du projet. Souvent, il est le premier interlocuteur du client (maitre d’ouvrage), qui intervient aussi dans la réalisation des dispositions des lieux, l’utilisation des surfaces et l’organisation des volumes. En clair, il est celui qui matérialise graphiquement le souhait du propriétaire. La loi Congolaise le définit comme toute personne titulaire d’un diplôme délivré par un Institut supérieur ou université reconnu par l’Etat congolais et inscrite au tableau de l’Ordre des architectes. (Loi N° 18/034 portant la création, l’organisation et le fonctionnement de l’ordre des architectes.)
-
L’Ingénieur ou le Bureau
d’études Techniques (Consultants) :
Il est spécialiste qui rend possible les rêves de l’architecte en dimensionnant
la structure. Son travail est fondamental, mais reste souvent invisible aux non
initiés. Il calcul et dessine les plans des structures (fondations, poutres,
colonnes, toitures, murs des soutènements, armatures). Il peut aussi jouer le rôle de directeur des
travaux ou celui des Bureaux d’études de contrôle.
Le maitre d’œuvre (General Contractor) : Il est le chef d’orchestre du projet, le plus souvent c’est le concepteur du projet qui joue ce rôle. Mais ce rôle peut aussi être confié à un technicien ou à un bureau d’études. Le maitre d’œuvre a comme mission de veiller à la conformité architecturale, technique et économique du projet. Il conçoit les plans, organise, supervise et coordonnes les différentes personnes qui travaillent sur le projet. Il dirige la bonne réalisation des travaux et assiste le maitre d’ouvrage lors de la réception du projet.
- Le Directeur des travaux
(Construction Manager) :
Le directeur de travaux est l’interlocuteur privilégié du maitre d’œuvre, il
assure l’interface entre le chantier, les clients et les fournisseurs. Il peut
aussi être l’architecte qui conçoit le bâtiment ou l’ingénieur qui a calcule la
structure, mais dans un rôle différent, car la direction des travaux est une spécialité
qui allie connaissance des techniques des gestions des projets et gestion des
ressources humaines. Dans les pays anglophone, il y a aussi ceux qu’on appel
« Principal Agent », qui
sont quasi dans le même rôle mais avec toute l’autorité et la légalité
d’engager le maitre d’ouvrage par ses décisions sur le projet.
-
Les entrepreneurs : Ils sont les entreprises qui
construisent l’ouvrage. Dans certains cas, il peut s’agir une seule entreprise
comme par exemple au Congo Safricas, Forest, Group Five et bien d’autres, qui
souvent sous-traitent la partie non principale de l’activité pour gagner du
temps.
Architecte
ou Ingénieur ?
Supposons que vous avez acquis un terrain et avez complété toute la procédure avec les services spécialisés du cadastre foncier, et voulez maintenant construire une maison d’habitation pour sa famille, chez qui devrez-vous s’adresser ? L’architecte est la personne idéale dans ce cas. L’architecte ainsi contacté, il peut enclencher l’œuvre architectural, qui peut se résumer en ces cinq étapes1 :
1. * la compréhension de l'intention du client aussi appelé maître d’ouvrage, assortie d'une assistance sous forme de suggestions, études de préfaisabilité, d'implantation, d'impact sur l'environnement, d'urbanisme, de programmation, etc. ;
2. * la conception de l’œuvre, qui allie la création artistique avec les contraintes pratiques, techniques, réglementaires, administratives, sociales et financières ;
3. * la mise en forme du projet conçu et sa visualisation matérielle sous forme de plans, croquis et vues diverses, en général en plusieurs étapes : avant-projet sommaire (APS), avant-projet détaillé (APD). "Le projet architectural se définit par des plans et documents écrits, l'implantation des bâtiments, leur composition, leur organisation et leur expression, leur volume, ainsi que le choix des matériaux et des couleurs". Les spécifications techniques détaillées (STD) et les plans d'exécution des ouvrages (PEO) font suite à l'accord sur l'avant-projet ;
4. * la prise en charge des actes préalables à l'opération envisagée : la demande de permis de construire, les dossiers de consultation des entreprises (DCE), et la passation des marchés ;
5. * la phase de réalisation, dans laquelle l'architecte assure (ou délègue sous sa responsabilité) le suivi et le contrôle général des travaux (CGT), la coordination des entreprises et les réceptions et décomptes de travaux (RDT).
Il faut noter que
Obtenir
l’Autorisation de Bâtir au Congo
Pour maintenir l’harmonie dans les actions individuelles et la sérénité nécessaire à une vie collective, l’Etat Congolais s’est doté de la fonction à deux variables qu’est la police préventive et répressive. Le professeur Wemby2 explique que la branche de la Police préventive, qui se penche sur les habitations et leurs agencements, aussi dite « la Police de la construction et de l’urbanisme », joue un rôle capital pour le bien être de la société, la durabilité de l’environnement ainsi que le développement économique. Il renchérit en expliquant que cette dernière est livrée à un fond et non à un individu. Ce qui signifie que l’analyse des titres de propriété consiste à s’assurer que la demande est faite par quelqu’un qui a «les droits» et la possibilité d’exécuter ce permis. L’arrêtée Ministériel No027/CAB/MIN.URB.HAB/CJ/AP/CEH/2012 du 3 Mai 2012 portant réglementation de la procédure de l’Autorisation de bâtir et institution d’un cahier spécial des charges y relatif en république démocratique du Congo donne les détails sur celui que la loi définit comme personne compétente. L’article 5 de l’arrêter dit que tout projet de construction doit être élaborée et présentée par un Architect ou un bureau d’études en république démocratique du Congo.
Idéalement,
beaucoup des professionnels interviennent dans la préparation des documents pour l’obtention de l’autorisation
de bâtir, surtout pour les ouvrages plus complexe. Le tout doit être coordonné
par un architecte ou un bureau d’études vues la complexité des documents
demandé à partie technique. La loi demande les documents suivants pour
l’obtention de l’autorisation de bâtir3 :
-
Les
plans (Situation, Masse, fondation, Implantation, topographique, plomberie,
électrique, alerte incendie, installation électronique, machinerie etc) :
Si l’architecte peut produire les différents plans, La fondation est un élément
de structure qui nécessite les calculs et les études nécessaires, ce qui
nécessairement faire intervenir un Ingénieur pour le calcul et éventuellement
un géologue pour les études géotechniques. D’autres plans, feront intervenir
d’autres techniciens, dont l’architecte pourra contacter pour incorporer leurs
données dans les différents plans. C’est aussi pour cette raison que dans
certains projets, l’architecte est le principal agent, doter d’assez d’autorité
pour engager le maitre d’ouvrage au prés de ces différents professionnel pour
plus d’efficience et de rapidité.
-
Les Coupes, les façades. (Architecte)
-
Les Calculs de stabilités et de consistances des sols pour les immeubles dépassant 20 mètres. (L’ingénieur)
-
Estimations prévisionnelles dans le temps et
dans une classification des marchés (Directeurs des travaux, Project Manager)
Dans
certains cas, il y a mêmes les exigences liées à l’environnement tel que
l’aménagement extérieure et plan général d’évacuation/traitement des déchets.
Cette complexité des exigences rend la collaboration entre architectes et
Ingénieurs plus que nécessaire. Dans les pays ou ces professions sont très
organisées comme l’Afrique du Sud, on n’accorde pas d’autorisation de bâtir à
un architecte sans la signature d’un ingénieur/bureau d’étude qui va prendre en charge la partie structure du
projet. Ceci protège la profession et en même temps renforce une culture de
respect de prérogative de chaque profession.
Conclusion
Notre
pays a fait des efforts ces dernières années pour organiser les professionnelles
qui interviennent dans la construction à travers les lois organisant les
Architectes et les Ingénieurs Civil. Il existe encore beaucoup d’intervenant
qui ne sont pas encore régis par la loi, cette situation est encore à la base des
désordres. Aujourd’hui, c’est fréquent
de voir les architectes intervenir seul de la conception à la remise des travaux au maitre d’ouvrage.
Cette situation, qui est contraire au Code d’éthique qui régis l’ordre des
Architectes est parfois dictées par les réalités d’ordre économiques ( Le
client ne pouvant pas payer tous les intervenants), les faiblesses de la lois dans
la matière, qui en tentant de réorganiser notre police de la construction s’est
retrouvée dans un paradoxe de Jevons ou on s’est enfermé dans «la loi
fondamentale des embouteillages » (Glaeser, E., 2011), de telle manière que
plus on améliore les voies (les lois) de circulation plus on les encombre. Ceci
ne veut pas dire que les efforts légaux doivent être négligés, mais ces efforts
doivent être accompagnés d’autres mesures pour éviter de créer plus des
problèmes qu’on en résout.
Matamba Lukasu
Civil Eng- Project Manager- MBA
Bibliographie
1. Journal
Officiel, Loi N° 18/034 du 13 décembre 2018 portant sur la création,
l’organisation et le fonctionnement de l’ordre des architectes, 59e
Année, Numéro Spéciale, 23 Décembre 2018..
2.
Professeur Wemby, « Permi de construire en RDC », conférence
tenu à l’expo béton, Kinshasa, 2020
3.
Journal Officiel, arrêté Ministériel No027/CAB/MIN.URB.HAB/CJ/AP/CEH/2012 du 3
Mai 2012, Numéro special, 2 Mars 2013.
Glaeser,
E., traduit par Magny, C., Des villes et des hommes, enquête sur un monde de
vie planétaire, Paris, Nouveaux Horizons, 2011, p. 128.
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