UDPS : Parti au Pouvoir ou parti du pouvoir ?

*Le deuxième parti est un verbe.

C’est avec consternation que beaucoup d’entre nous observent la guerre au sein de l’UDPS notre patrimoine commun. Pourtant, toutes ces guerres pouvaient être anticipées et évitées. Aujourd’hui, les uns et les autres prennent plaisir à étaler l’objet de toutes nos faiblesses sur la place publique comme si le parti n’avait pas déjà autant des problèmes auxquels il devrait faire face. Comment en sommes nous arriver là ?

Les mouvements de libération ayant passés plusieurs années dans l’opposition (maquis) ont souvent un plus grand problème à gérer les egos une fois au pouvoir. L’ANC est passé par là, le ZANUPEF y a laissé énormément des plumes jusqu’à basculer dans une dictature, l’AFDL et ses corolaires n’ont jamais réussi sans triché à gagner une seule élection. Le pouvoir corrompt, mais pas que le pouvoir. Jean Marc Kabund pour qui j’ai beaucoup du respect, a un devoir moral et politique depuis la mort d’Etienne Tshisekedi de garder la maison UDPS dans un meilleur état. Ceci ne peut être possible qu’en rassemblant le plus possible les fils et filles du parti éparpillés à travers la république.

Aujourd’hui face aux résultats mitiger des législatives et des élections des sénateurs, il est encore plus qu’urgent de mettre tous le monde sur la même table pour discuter sérieusement sur les perspectives des prochaines élections. 37 ans plus tard, l’UDPS ne devrait plus être entrain de discuter de sa survie politique en étalant ses faiblesses sur la rue. L’UDPS aujourd’hui n’a pas besoin des hommes forts et  incontournables, mais d’une organisation forte et incontournable aux yeux des électeurs. Etienne Tshisekedi, était devenue l’homme fort et quasi incontournable parce que la situation de dictature sous Mobutu nous l’imposait. Face au risque de démantèlement du parti, il fallait avoir un homme qui incarnait bien au delà du parti et qui avait une grande force de rassemblé au delà de l’UDPS. 

Aujourd’hui, nous devons cesser de nous comporter comme ceux qui hier prédisaient la mort de la nation si Kabila n’avait pas changé de constitution pour devenir le nouveau maréchal. Nous avons un devoir de construire une organisation forte disais-je. Et ceci ne sera possible qu’en respectant les textes régissant cette organisation. Le président Felix Tshisekedi ne veut pas qu’on fasse de lui un tarzan qui foule au pied les textes du parti comme bon lui semble. Aidons-le !  Sinon, chaque dirigeant qui viendra trouvera une jurisprudence pour fouler aux pieds les textes, qui doivent pourtant être les éléments fédérateurs autour desquels une organisation forte peut se construire.

Je comprends aussi que la situation actuelle à la tête du parti est inédite et mets les textes devant un fait accompli et pas difficile à contourner. Mais c’est aussi pour cela qu’une solution concertée est la voix la plus responsable qui soit. Je reste convaincu que le camarade Kabund sortirait encore plus grand, s’il arrivait à mettre tous le monde autour d’une même table pour discuter sereinement d’une solution prenant en compte les équilibres des forces en présence actuellement au parti. Refuser d’aller dans ce sens signifierais qu’on aura accepté de scarifier les actions du Président de la république en entretenant un conflit gérable qui aura encore plus d’effet sur le parti au delà des élections de 2023. La seule chose de sûr dans ce rapport de force est qu’on sait exactement qui gagnera, mais nous ne savons pas exactement qui perdra et ceci devrait nous préoccuper au delà de nos personnes.  L’UDPS a vocation de changer la manière dont ce pays était dirigé, le peuple d’abord au delà d’être un slogan creux, est un testament qui demande de nous grandeur et responsabilité pour pouvoir réellement impacter positivement sur la transformation de notre société. Le pouvoir ? L’UDPS vient d’y accéder, mais pour y rester il faudra faire bien plus que des slogans, notre peuple sera très exigeant envers nous. Rassissions-nous donc et mettons de l’ordre dans cette maison.  

Matamba Lukasu